Conseils pratiques pour bien réussir votre verger.

          Pendant la saison de vente des arbres, nous manquons souvent de temps pour répondre à vos nombreuses questions et expliquer aussi bien que nous le souhaiterions les soins de base à donner aux jeunes arbres fruitiers. Pour pallier à ce manque, cette notice résume les conditions à réunir pour que vos arbres prospèrent et donnent des fruits dans les meilleurs délais.

Choix de la parcelle.
Assurez-vous que la fertilité et la vitalité du sol sont suffisantes pour implanter des arbres. Les coteaux sud, sud-est et éventuellement sud-ouest sont excellents pour tous et indispensables pour les abricotiers, amandiers et pêchers. Pour un bon ensoleillement, orienter les lignes le plus possible nord-sud, mais adapter à la conformation du terrain.

A éviter:
#Les fonds de vallées très encaissés où l'air froid ne peut s'écouler (exception éventuelle pour des pommiers et des poiriers à floraison tardive et en forme haute: moins de danger pour les gelées printanières) et les parcelles où l'eau stagne durant l'hiver.
#La proximité des chênes: ils semblent produire une hormone anti-croissance pour beaucoup de plantes.
#Les parcelles trop éloignées du lieu d'habitation (surveillance fréquente requise). Attention aux animaux qui peuvent occasionner des dégâts importants: chèvres, brebis, vaches, chevaux, cerfs, lièvres,...

La plantation
C'est de la Sainte-Catherine (25 novembre) jusqu'à la fin mars que se situe l'époque de plantation (jusqu'à fin janvier pour les amandiers et noisetiers, fin février pour les abricotiers et pêchers, avril pour les variétés tardives de pommiers). Mais la meilleure période se situe globalement entre fin novembre et fin janvier.

Il est préférable de préparer les trous à l'avance, 40 à 50 cm en tous sens. Lors de la plantation, il est bon de praliner les racines (2 parts d'argile pour une part de bouse de vache), de bien les disposer de façon à ce qu'elles ne soient pas repliées, puis de les recouvrir de terre fine et, si possible, mélanger avec du compost bien décomposé (½ seau ou plus). Attention: ne jamais mettre de fumier frais dans un trou de plantation! Veiller à ce que le point de greffe reste bien au-dessus du sol après arrosage.

Les distances de plantation.
On compte en moyenne 5 à 6 m sur la ligne, et 6 à 7 m entre les lignes, mais ces distances peuvent varier beaucoup selon la variété, le porte-greffe utilisé, la fertilité du sol, la conduite de l'arbre et la région. Voici un tableau pour vous donner une idée, à considérer avec souplesse !!

Espèces Porte-greffes sur la ligne
(en m)
entre les lignes
(en m)
pommier Franc 5,5 à 7 6 à 8
pommier M106 3,5 à 4 4,5 à 5,5
poirier franc 5 à 6 6 à 7
poirier cognassier 3 4 à 4,5
prunier myrobolan 5 6
cerisier sainte lucie 5,5 à 6 6 à 6,5
cerisier merisier 7 à 8 8 à 10
abricotier franc 6 7
abricotier myrobolan 5 6
pêcher franc/amandier 4 à 4,5 5
noisetier   2,5 à 4 4

La formation de l'arbre.
Les années de formation sont des étapes très importantes de la vie de l'arbre. Durant toute la période de jeunesse, nous préconisons la taille en vert. Elle s'utilise du départ de la végétation jusqu'en juillet, et elle consiste en interventions minimes mais fréquentes sur les pousses herbacées: ébourgeonnement et pincement s'effectuant environ 1 fois par mois en supprimant ou en diminuant les pousses indésirables quand elles ont de 10 à 30 cm de long. Il est très important de ne pas dénuder le jeune tronc en dessous des charpentières. Une petite végétation (maintenue courte) autour du tronc lui permet de bien grossir. la bonne formule de la taille en vert peut s'énoncer ainsi: « tailler souvent pour tailler peu ».

Le choix de la forme (formes libres).
En fonction des espèces et selon votre goût, vous avez le choix entre:
# une forme avec un axe central;
#un gobelet avec 3 ou 4 branches (de préférence différée, c-à-d que les branches ne partent pas toutes du même niveau).

La forme avec un axe central est plus naturelle (l'arbre peut se débrouiller tout seul). Cette forme est indispensable pour le poirier, très souhaitable pour le cerisier et le pommier, possible pour le prunier, l'abricotier et l'amandier. Le gobelet s'utilise toujours pour le pêcher, mais il est aussi possible pour le cerisier, le prunier, le pommier, l'abricotier et l'amandier.

Intervention à la plantation.
Lorsque l'arbre est planté, vous commencez le formation.

Pour obtenir une forme avec un axe central, rabattre (couper) le scion (la tige) environ au niveau de la hauteur à laquelle vous souhaitez le départ de la 1ère charpente (ou même plus bas). Ensuite, enlevez avec l'ongle les yeux (bourgeons) sur les 10 cm du haut. Cette portion de bois servira de tuteur pour palisser une pousse qui constituera le futur axe. pour faire une haute tige, utilisez aussi ce procédé.

A la plantation

Au printemps

Hiver ou printemps suivant

Pour obtenir la forme du gobelet, vous taillez le scion à la hauteur où vous souhaitez le départ des charpentières. nous vous conseillons des formes assez basses (entre 50 et 80 cm).

Remarques:
Pour le figuier et le noyer, ne pas rabattre la tige, ni à la plantation, ni après.

Pour le pêcher, après avoir rabattu la tige, on taille également les rameaux anticipés (branches latérales du scion) après le 1er ou le 2ème oeil vivant, car les pêchers n'ont pas d'yeux latents sur la tige pour repercer.

Dans le cas de petits scions et même moyens, bien racinés, ne pas rabattre la tige mais conserver le bourgeon terminal.

Intervention de mai à juillet la 1ère année
- L'axe central
: en mai-juin, palisser une pousse qui vous semble vigoureuse pour refaire l'axe. Pincer (couper) à 2 ou 3 feuilles les branches latérales qui, poussent en dessous. L'une de ces pousses peut éventuellement déjà constituer une 1ère charpente. Dans cette forme, les 1ères branches charpentières peuvent démarrer assez bas (entre 50 et 70 cm). Il est évident qu'au fur et à mesure de la croissance de l'arbre, les branches charpentières viendront s'insérer tout autour de l'axe. Ces dernières ne devront pas être trop rapprochées.
- Le gobelet
: en mai-juin, sélectionner 3 ou 4 pousses, avec un départ de préférence différé (10 à 20 cm entre chaque départ). Les autres pousses sont pincées à 2 ou 3 feuilles.
Une fois que vous aurez choisi et établi vos 3 branches principales dans le cas du gobelet, ou que vous aurez choisi une ou plusieurs branches charpentières dans le cas de l'axe central, il ne faudra pas les rabattre en hiver, mais, au contraire, conserver le bourgeon terminal, c'est capital.
Un élément très important à considérer est l'angle d'insertion des branches charpentières sur le tronc et l'inclinaison de celles-ci. On constate qu'avec l'axe central, l'insertion des charpentières se fait presque toujours naturellement avec un angle ouvert et présente donc un ancrage solide (voir dessin). L'inclinaison des branches devra s'approcher de 45°.

En hiver.
On distingue la taille par rapprochement qui consiste à raccourcir les pousses en un point quelconque de leur longueur et la taille par éclaircie qui supprime des pousses entières en les rabattant sur leur empattement. La taille par rapprochement est une opération brutale qui trouble les fonctions des substances de croissance et ne donne pas toujours les résultats attendus. au contraire, le maintien des bourgeons terminaux de l'axe et des branches induit une organisation naturellement harmonieuse de l'arbre. c'est pourquoi nous utilisons presque exclusivement la traille par éclaircie. Remarque: avec cette méthode, la taille hivernale est moins importante.

Le travail du sol et l'utilisation des engrais verts.
L'expérience montre que dans les plantations où l'on travaille le sol, on assiste à un très bon développement des arbres. Selon la situation, on travaille toute la surface du sol, ou bien, les 1ères années, la ligne même des arbres, sur environ 3 m de largeur. Ensuite, quand la couronne de l'arbre atteint environ 2 m, on peut travailler l'interligne en implantant un engrais vert permanent que l'on fauche. L'herbe peut être utilisée pour mulcher l'arbre. Très souvent , les jeunes arbres implantés dans une prairie permanente végètent, sauf si l'on travaille une couronne suffisamment grande au pied de l'arbre, en apportant beaucoup de fumure et en fauchant l'herbe à proximité de façon à limiter la concurrence. Pratiquer alors un mulching très épais pour l'été.

Si l'on choisit de travailler le sol, on passe le cultivateur et/ou le disque ou le motoculteur de mai à juillet, toutes les 3 ou 4 semaines environ. ces différents passages superficiels représentent un apport d'engrais atmosphérique et sont favorables au maintien de l'humidité du sol. A partir de fin août, on sème un engrais vert que l'on gyrobroyera au printemps, avant de reprendre le travail du sol. Un arbre en bonne santé durant la période de jeunesse doit faire des pousses annuelles de 70 à 80 cm environ (sauf la première année).

La fumure.
La 1ère année, on apporte du compost (des fumiers trop riches en azote pourraient brûler les racines). On peut utiliser un peu de fumier pailleux que l'on ne mettra pas trop proche du pied de l'arbre. Pendant les années de jeunesse où l'on cherche à obtenir de la végétation, la fumure sera plus riche en azote que pour les années de fructification où l'on utilise de préférence du compost. Les poudres de roche peuvent aussi apporter des éléments précieux.

Les maladies et les traitements.
Les arbres qui poussent dans une terre fertile et bien équilibrée sont évidemment moins sujets aux maladies. En traitement préventif, on peut utiliser du purin (ou de la tisane) d'ortie en pulvérisation sur le feuillage et en arrosage au pied de l'arbre, ainsi que le badigeon d'argile (argile, bouse de vache, prêle et petit lait) que l'on applique sur le tronc et les branches principales à l'automne).

Les parasites.
En période de jeunesse, les pucerons et les chenilles sont les maux les plus courants.

Pour les pucerons: purin d'ortie (dilué) ou tisane. Intervenir tôt, pulvériser le soir. En cas de forte attaque, on peut utiliser du savon noir dilué en pulvérisation. Si l'invasion est relativement faible et que l'on note la présence de coccinelles, on n'interviendra pas et on observera l'évolution. Souvent, un équilibre s'installe (sur des variétés vigoureuses, cela se passe bien en général, les pucerons ne parviennent pas à déformer les jeunes pousses.)

Pour les chenilles et les hyponomeutes: si l'invasion est faible sur des jeunes arbres, les enlever à la main. Sinon, utiliser de la « bactospéine » (disponible en cave coopérative).

Les maladies.
La cloque du pêcher:
surtout les 1ères années, il peut être utile de faire 2 traitements à la bouillie bordelaise, l'un à l'automne à la chute des feuilles, l'autre en fin d'hiver au stade « boutons blancs », avant le départ de la végétation (éventuellement 2 à 10 jours d'intervalle). Dosage: 2,5 kg pour 100 l d'eau. Si malgré tout un peu de cloque apparaît, laissez faire, cela rentrera dans l'ordre en quelques semaines (les variétés que nous multiplions ont, pour la plupart, une bonne résistance à la cloque et ne nécessitent que le traitement de fin d'hiver). !! Ne jamais pulvériser de bouillie bordelaise sur le feuillage, elle est toxique pour le pêcher. Contre la cloque, vous pouvez aussi expérimenter les coquilles d'oeufs crus suspendus dans les arbres, l'ail ou autres plantes au pied des arbres.

L'oïdium: le pêcher, l'abricotier et certains pommiers y sont sensibles. Utiliser du soufre en poudre (traitement curatif).

Le monilia de l'abricotier: maladie la plus grave (rameaux se desséchant au printemps). Un 1er traitement au débourrement, dès que 20 % des boutons laissent apparaître le calice ( de couleur rouge vineux, stade C) avec de la bouillie bordelaise à % (1,5 kg/hl). Un 2nd traitement avec le même produit, lorsque les boutons rouges laissent voir le blanc des pétales (stade D et E). Enlever et brûler les branches atteintes et les fruits desséchés qui restent sur l'arbre en hiver.

 Le chancre: traitement au cuivre (1,5 kg/hl) pendant la chute des feuilles et au mois de décembre. Pour l'abricotier, il est important d'effectuer des tailles en vert, cela lui évitera des mutilations dégénérant rapidement en chancre, et cela lui permettra de le laisser s'épanouir le plus librement possible. Il est très sensible et la plupart de ses maladies proviennent d'un sol ou d'un climat trop humide.

La fructification
Éliminer de préférence toute fructification avant la 3ème année pour favoriser le développement de la charpente et éviter un vieillissement prématuré de l'arbre. Pour le pêcher, il est indispensable de pratiquer une taille de fructification chaque année si l'on veut lui assurer une longue vie (taille qui s'effectue en fin d'hiver, avant la floraison). Il est avantageux d'éclaircir les fruits: 1 tous les 12-15 cm. L'éclaircissage se pratique aussi sur certaines variétés de pommes.

Nous vous souhaitons une bonne plantation et beaucoup de plaisir avec vos arbres fruitiers!

Stages de greffe et de taille des arbres fruitiers.

Soucieux de transmettre nos connaissances, nous vous proposons cette année de venir vous former à la greffe à la pépinière (Saint-Benoît ou Rodome) :
Le coût du stage est de 30 euros pour la journée complète. Contactez-nous par téléphone ou par email pour vous inscrire ou pour obtenir plus de renseignements. Associations de jardiniers ou simples citoyens intéressés par la greffe, nous pouvons aussi venir animer un stage chez vous. N'hésitez pas à nous appeler !!!

Pour le stage de taille douce, vous trouverez les informations nécessaires sur notre site internet (nous n'avons pas d'informations pour l'instant sur la date du stage animé habituellement par Alain Pontoppidan, auteur du livre " Manuel de taille douce ").

N.B: la taille douce des arbres fruitiers permet de respecter l'arbre en tant qu'être vivant, tout en favorisant sa longévité et sa fertilité. basée sur des principes simples, cette techniques est accessible à tous.

Autres ouvrages conseillés:
« les secrets de l'ortie » de Bernard Bertrand, Ed. du Terran 31160 Sengouagnet (tel: 05-61-88-81-08).

Biodynamie, Pierre et Vincent Masson

L'arbre entre visible et invisible, Ernst Zürchner

Retour accueil